Il est 20h17 et Joachim est (enfin) dans son lit. Ces mises au lit sont un phénomène étonnant : plus je veux qu’elles aillent vite, plus elles prennent du temps. Et plus je donne du temps à mon fiston, moins il en prend. L’enfant sent ce qui m’habite. S’il ressent mon stress d’en finir au plus vite, ça ne va pas l’apaiser. Et la mise au lit sera longue…
Or, ce soir est un soir particulier. En plus de la rédaction de ce billet, je dois encore nettoyer le séjour et « faire la cloche ». Mais ce soir est un soir particulier pour Joachim aussi. A l’heure où j’écris ces lignes, il n’a qu’une angoisse : les cloches vont-elles passer ? Question aussi excitante que terrifiante…
Joachim a beaucoup réfléchi ces derniers temps. Pour lui, il est une évidence : les cloches n’ont pas d’yeux. C’est la raison pour laquelle les lapins les accompagnent : les premières déversent leurs œufs aveuglément, tandis que les seconds prennent soin de les cacher. Dilemme : faut-il inviter les cloches à entrer à l’intérieur de la maison ou les laisser agir dans le jardin. Si elles viennent dans la maison, il faut laisser les fenêtres ouvertes. Avec le risque de voir débarquer aussi les oiseaux… Mais si elles viennent dehors, on craint, pour le chocolat, les effets de la pluie comme ceux du soleil. Avant de monter, Joachim m’a encore demandé de consulter la météo…
Tout cela paraît un peu magique. Je crois toutefois qu’on est parvenu à donner aussi une touche d’intériorité au mystère. Pendant le souper, Joachim est allé chercher la statue de la Sainte Famille et les dessins de la Semaine sainte. Il a déposé le tout sur la table. Il voulait expliquer à son petit frère ce qu’était Pâques. Il a aussi proposé de prier – « bon, on prie ou quoi ? ». « On est contents que Jésus est finalement pas mort… »
La foi des enfants m’émerveille. Rare capacité à se centrer sur l’essentiel. A trouver normales des choses surnaturelles. A percevoir le cœur du message. Naïveté profonde, diront certains. Ou confiance ? Foi ! Bien sûr, le temps des questions viendra. Et peut-être même celui des rejets… En attendant, la foi des enfants est pour moi un cadeau. En cette nuit de Pâques, je souhaite à tant d’adultes de pouvoir s’en laisser imprégner.

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